Grève des femmes, grève du climat, à Bienne aussi, même combat ! Ce slogan lu et entendu lors des manifestations du 14 juin en Suisse témoigne d’une volonté en marche. Celle de faire converger les luttes féministe et écologiste.
Nous l’avions annoncé lors de la création de la BISE, notre angle de lecture écologiste et féministe de l’actualité a eu le vent en poupe ces derniers mois. Les grèves féministe et du climat ont passablement poussé ces deux enjeux au-devant des scènes politique et médiatique. Si nos précédents articles suggéraient parfois les liens qui peuvent être faits entre ces deux objets de lutte, leur convergence est une réalité pour des activistes des deux mouvements, notamment à Bienne.
Ce printemps, l’activiste et chercheuse écoféministe espagnole Yayo Herrero avait été invitée en Suisse romande pour mener deux conférences sur le thème de l’écoféminisme: un outil pour changer le monde. Elle y a présenté sa vision de la convergence des luttes féministe et écologiste contre le système économique dominant d'aujourd'hui. Celui-ci, selon ses termes, « se base sur une expansion constante des bénéfices, lesquels se construisent grâce à l’extraction des matières premières, la génération de déchets, l’altération des cycles naturels et des processus de régulation, l’exploitation des travailleurs·euses et l’appropriation du temps que, dans les sociétés patriarcales, les femmes accordent à la reproduction sociale et à la gestion quotidienne du bien-être »
(Entretien intégral publié sur le site www.rebelion.org, le 14 février 2012. Traduit de l’espagnol pour solidaritéS par Hans-Peter Renk).
On comprend donc que l’exigence généralisée de diminution du temps de travail soit l’une des demandes communes des deux mouvements de grèves des femmes et du climat. En effet, d’une part, comme l'a soulevé Franziska Meinherz, militante écologiste et doctorante à l’EPFL, dans le cadre d'un débat sur la convergence des luttes, « la baisse de la production permettrait de ralentir la dégradation des ressources de la planète et l’appauvrissement des sols ou encore de diminuer l’utilisation des énergies fossiles » (L’événement syndical N°23/24). D’autre part, le manifeste de la grève féministe nous rappelle que « le temps de travail professionnel a été défini sur le modèle de l’homme travaillant à plein temps et de la femme au foyer. (…) Le droit du travail ne contient que de rares dispositions pour concilier vie professionnelle et vie privée. (…) La surcharge de travail et le stress nuisent à la santé des êtres humains et à l’environnement. » D’où l’exigence d’une diminution du temps de travail pour « vivre mieux et pour avoir le temps d’assumer et de partager les responsabilités familiales et sociales. »
L’imbrication des luttes écologiste et féministe peut être décrite à l’aide de multiples autres exemples, comme notamment celui de la nécessaire solidarité internationale avec les réfugié-e-s climatiques.
Concrètement, à Bienne, dès la rencontre de bilan de la grève féministe en juin dernier, la volonté de collaborer avec les jeunes activistes biennois-e-s de la grève du climat a été abordée. Depuis, un petit groupe de travail formé de militantes des deux collectifs se réunit pour lier certaines actions menées au niveau local. Pour commencer, la prochaine édition de l’émission de radio Ultraviolet.t le 17 septembre sera réalisée en commun, et le collectif féministe participera activement à la grève biennoise pour le climat le 27 septembre.
Comme cette démarche de rapprochement a lieu en parallèle dans de nombreuses villes, une coordination féministe et écologiste romande vient également de voir le jour, afin de mettre en réseau ces différents groupes. Les logos des grèves féministe et écologiste existent maintenant aussi sous une forme fusionnée, le point levé de la grève féministe apparait sur fond de planète en flamme, symbole des grèves du climat.
Le 28 septembre à Berne, lors de la grande manifestation pour le climat, soyons donc
nombreux-ses à nous joindre au bataillon féministe pour nous unir pour la justice climatique et contre les inégalités inhérentes et utilisées par le système dominant. Qu'il s'agisse de questions de sexisme, de racisme, de classes sociales ou encore d'orientations sexuelles, les réponses aux enjeux climatiques sont à penser en convergence pour en finir avec les discriminations!
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