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Slow Fashion, consommons lentement une mode plus durable

Wikipédia nous dit : “La “mode lente”, l'alternative à la “mode rapide” et une partie de ce qu'on a appelé le "mouvement lent", préconisent des principes similaires aux principes de la nourriture lente, tels que la bonne qualité, l'environnement propre et l'équité pour les consommateurs et les producteurs.


Chaque jour, nous nous rendons (ou non) dans des magasins issus des plus grandes chaînes de distribution pour acheter un t-shirt que des milliers de personnes porteront aussi. Pourtant, nous savons bien que ces vêtements sont produits dans des conditions de travail déplorables et pour des salaires misérables.

Des ONG se battent pour plus de transparence dans ces chaînes de production et pour davantage de respect envers les employé-e-s du textile. La campagne nommée Clean Clothes dirigée par l’ONG Public Eye regroupe plus de 250 organisations issues d’Europe et d’Asie, qui souhaitent mettre les différentes entreprises du textiles face, entre autres, à leurs responsabilités sociales.


Solidaire de ce mouvement, la BISE présente ici deux femmes de la région biennoise qui consomment (principalement) du seconde main et qui produisent également des vêtements et accessoires issus de leur propre marque. Anaïs et Fanny ont créé le FripKlub et ninn. Elles ont répondu à quelques questions que leur a posées la BISE en lien avec la mode, l’évolution de la consommation de vêtements et le féminisme (bien sûr).



Anaïs, Fanny, pourriez-vous vous présenter en quelques mots et nous expliquer ce que sont le “FripKlub” et “ninn” ?


ninn, c’est un projet de création que nous avions dans nos esprits depuis un petit moment, un terrain de jeux où l’on peut mettre en commun nos métiers respectifs, afin de créer quelque chose de complet et d’original. Nous avons toutes deux fait l’école d’Arts Appliqués de la Chaux-de-Fonds, l’une en création de vêtements et l’autre en graphisme. En été 2017, en vacances avec des copains, nous avons trouvé le nom notre marque. Le projet s’est finalement concrétisé fin 2017 par la sortie de notre première collection.

On fait ce qu’il nous plaît, c’est-à-dire qu’on ne s’est pas mis de limites; une fois, notre collection sera composée d’accessoirs et vêtements, une autre fois, de meubles ou de supports graphiques…Tout est fait à la main, jusqu’à l’impression de nos motifs.


Fripklub, c’est un délire, une idée qui nous est venue spontanément lors de notre premier vide-dressing. Il nous restait tellement de vêtements qu’on a développé un concept de vente pour les proposer sur instagram. On s’est prises au jeu, et depuis, on continue ! ça marche super bien, parce que les gens ont souvent besoin de voir le vêtement porté pour avoir le coup de coeur!


Pensez-vous être féministes? Et si oui, pourquoi?


A Si on me pose cette question à froid, je réponds non. C’est parce que j’ai l’image d’une femme seins nus qui manif dans la rue et je me sens pas prête pour ça! haha! J’ai du retard. Mais oui, au fond, je suis féministe. J’aurais envie de me battre, pas pour l’égalité, mais pour l’équité. Et ça me rend folle de voir que même si son statut a un peu évolué, le regard que la société pose sur la femme n’as pas du tout changé!


F Oui, de mon point de vue, tout le monde devrait l’être.


Qu’est-ce qui pour vous définit le fait “d’être femme”?


A Le fait de pouvoir porter la vie en moi! J’ai toujours été reconnaissante d’être une femme justement pour cette raison là.

F Pas de réponse de ma part.


Que pensez-vous de la notion de “féminité” en lien avec le style vestimentaire?


A On peut mettre sa féminité en valeur avec des vêtements et c’est super! Même si personnellement ce que je préfère porter, c’est un bon vieux Levi’s délavé et un t-shirt emprunté à mon amoureux.


F Je trouve que la féminité se dégage naturellement d’une personne et non par ses vêtements. On peut être très féminin-e dans l’attitude tout en étant habillé-e de manière masculine et le contraire aussi. Les vêtements ne sont que des codes avec lesquels on peut jouer.


Quelle importance donnez-vous à votre style, aux vêtements que vous portez?


A J'aime la mode, et j’ai toujours aimé me trouver des pièces originales. Donc oui, je pense que je donne beaucoup d’importance à mon style, sans que ce soit une obsession.


F Je prends ça comme un moyen de m’amuser et de m’exprimer!


Depuis quand portez-vous (principalement) du seconde main? Pourquoi?


A J’ai réellement commencé à chercher mes vêtements en brocante à partir de 12 ans je pense. Mais j’osais pas trop le dire à mes copines, sinon elles se foutaient de ma gueule… Pour l'anecdote, j’ai prêté une fois un joli pull que j’avais trouvé au CSP à une copine. Arrivée à la maison, sa mère, qui avait appris que le vêtement sortait d’un seconde main, l’a jeté à la poubelle: “C’est sale”. C’est fou non? Aller au restaurant ou dormir à l’hôtel par contre, ça ne choque personne...


F J’ai commencé à aller en seconde main lorsque j’étudiais à la Chaux-de-Fonds, il y a sept ou huit ans, je dirais. On y trouve toujours des choses étonnantes à des prix abordables. Cependant, je ne porte pas uniquement du seconde main, j’aime bien combiner les deux.


Est-ce possible, selon vous, de se sentir bien dans son corps, à l’aise dans une apparence qui nous correspond et de ne pas consommer de vêtements neufs?


A Bien sûr! Et justement, je pense que c’est en allant dans les boutiques de seconde main qu’on trouve réellement l’apparence qui nous correspond, parce qu’on doit chercher ce qu’il nous plaît et se créer petit à petit un look personnel plutôt que d’acheter comme un mouton ce que les magasins nous jettent à la figure.


F Bien évidemment ! Il y a tellement de belles choses en brocante, si on a le temps et la patience. Parfois, on se laisse aussi plus facilement tenter par des nouveaux styles.


Pourquoi, selon vous, est-il important de privilégier le seconde main?


A Pour moi, la raison la plus importante d’aller en brocante, c’est de dire stop à la surconsommation. Le fast-fashion c’est une nouvelle collection toute les deux semaines, des milion d’invendus brûlés, un impacte écologique et social désastreux! Sans parler de la qualité des vêtements, qui est lamentable...

Préférons le recyclage! En seconde main, si tu achète une paire de jeans, il a peut-être 10-20 ans et il va encore tenir autant de temps. Et les bénéfices vont pour des personnes dans le besoin, non pas à des multinationales qui ont les mains sales! J’aurais encore tellement d’arguments...


F Écologiquement et qualitativement parlant, ça a du sens. En plus, on peut y acheter des vêtements en soie, en cachemire ou des sacs en cuir à petits prix.


Avez-vous l’impression que les femmes (et les hommes !) d’aujourd’hui consomment davantage de seconde main? Si oui, est-ce que vous voyez plutôt cela comme un phénomène de mode ou une prise de conscience par rapport à l’industrie du textile et son fonctionnement pas toujours très éthique?


A Oui, j’ai l’impression que les gens vont plus dans les boutiques de seconde main et malheureusement, plutôt pour les prix, les brocantes l’ont aussi compris! ;)

Je pense que les deux facteurs sont étroitement liés. Qui dit tendance, dit large portée et par la même occasion, sensibilisation. Et si le seconde main est une mode, c’est peut-être la meilleure mode que l’humanité n’ait jamais eue!

Pour tout ce qui concerne l’écologie (brocantes, zero waste, bio…), c’est une “mode” qui implique des changements d’habitudes et certaines contraintes, et je suis persuadée que seul-e-s les convaincu-e-s sont prêt-e-s à la suivre.


F Je pense que c’est les deux. L’idée de pouvoir se refaire une tenue complète pour peu d’argent tout en respectant l’environnement ne peut qu’être positive. Il est certain que depuis quelques temps une prise de conscience générale se développe, avec une certaine critique de l’industrie du textile. Dans cet élan, le seconde main est une bonne option tout comme la production locale.


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