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Coût humain et environnemental de certaines tartelettes aux fraises

Chaque printemps, le débat sur la consommation de fraises, mais aussi d’asperges ou encore de tomates, avant leur réelle saison de production locale, reprend de plus belle. Pour vraiment savoir quelle est la saison des fruits et légumes produits de manière respectueuse de l’environnement dans nos régions, ce calendrier saisonnier Bio Suisse et ses explications peuvent être très utiles.


Les principales raisons souvent débattues concernant l’achat de fruits et légumes provenant d’autres pays avant leur saison en Suisse se centrent généralement sur des questions environnementales (notamment : pollution due au transport des denrées et normes suisses de production agricole plus élevée en matière d’écologie), et des questions de soutien aux familles paysannes suisses. Tous deux des facteurs d’importance !


La BISE propose ici de mettre également un autre aspect sombre du commerce des fruits et légumes en lumière dans cet article : le coût humain pour la main-d’œuvre qui travaille dans les champs où est produite une grande partie de ces aliments importés en Suisse hors saison, et plus précisément, l’impact sur de nombreuses femmes.


Dans son article du 14 avril 2019, relayé en français notamment ici sur le site de « Mosaik Radios », le Guardian dénonçait en effet les conditions catastrophiques vécues par des femmes migrantes marocaines dans les champs de production de fraises en Espagne, plus gros producteur d’Europe :« En plus de travail éreintant qui consiste à ramasser les fruits dans les champs, ces travailleuses sont victimes ou témoins de trafic d’êtres humains, d’agressions sexuelles, de racisme et d’exploitation. Parfois contraintes de travailler pendant 12 heures sans interruption, par des employeurs qui peuvent refuser de les payer par la suite, certaines sont même privées de nourriture et d’eau quand on juge qu’elles n’ont pas été assez productives, ou qu’elles ont osé prendre une pause. Et lorsqu’elles ne sont pas sur leur lieu de travail, les cueilleuses de fruits vivent dans l’insalubrité, logées dans des conteneurs étroits et sales, obligées d’utiliser des douches et des toilettes défectueuses. »


Encore un terrible exemple de la raison pour laquelle nos achats quotidiens sont des actes politiques à part entière, comme le dit si bien le livre « acheter c’est voter », qui, en prenant l’exemple du commerce du café, liste les impacts sociaux et environnementaux de nos choix de consommation.


Alors pourquoi ne pas attendre la réelle saison des fraises locales et acheter dans les magasins uniquement celles dont nous sommes sûr-e-s des bonnes conditions de production ? Pourquoi ne pas aussi oser poser la question, au restaurant ou dans une pâtisserie, avant de commander nos desserts, de la provenance des aliments que l’on va consommer ? Se faisant, il s’agit de montrer aux établissements que leurs client-e-s donnent de l’importance à ces enjeux. Que les conditions de travail pour les travailleuses et travailleurs agricoles qui produisent nos denrées alimentaires ici et ailleurs nous importent, tout comme le respect de normes de production respectueuses de l’environnement.


Si, malheureusement, les initiatives pour la souveraineté alimentaire et les aliments équitables ont été rejetées l’année dernière, elles ont permis de rappeler ce débat politique crucial. Des acteurs et actrices suisses œuvrent aujourd’hui toujours activement en vue d’une production agricole plus juste au niveau sociale et environnementale :


A Bienne, c’est notamment le cas des membres du Conseil de politique alimentaire qui, selon sa charte, font partie du « mouvement mondial qui grandit et contribue à développer un système alimentaire mondial durable dans un esprit de solidarité et de paix. »

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